Portrait d'un musicien

Rédigé par Noémie Bailly et Alice Lopez

-Philippe Mercier-

Dessin réalisé par Noémie Bailly
Dessin réalisé par Noémie Bailly

 Il est tôt un lundi matin lorsque nous prenons le bus pour Vaulx-en-Velin, ville du bout du monde quand on voit le temps qu’il faut pour y parvenir. Après plusieurs mois de terrain dans cette ville, la rencontre avec divers acteurs, la MJC, le groupement Bricolagis, la découverte du Ground 0, nous avons un entretien en bonne et due forme. Notre contact privilégié, une professeure de danse passionnée par les découvertes culturelles, nous a aiguillé vers ce musicien, Philippe Guichard en nous parlant de son jazz-arménien. Passé le conservatoire et un certain nombre de barres d’immeuble, nous arrivons dans la maison bariolée de Philippe. Pleine d’une vie à part entière alors que le salon se découpe entre musique, objets d’art ou de confort. Dans cette petite maison située au bout d’une allée au jardin vivant, Philippe et sa famille ont trouvé un espace de vie qu’ils ont investis depuis une vingtaine d’année. Quand il nous parle de sa ville, Philippe, évoque les points culturels éminents tel que le centre Charlie Chaplin ou encore les bibliothèques. Sa passion de la musique, dont il a fait sa profession - il est professeur de musique et directeur d’une école de musique dans le beaujolais - organise ses activités et ses passe-temps et nous donne un aperçu musical de la ville. Il parle du festival de jazz, qu’il regrette de voir passer seulement tous les deux ans, et non tous les ans comme auparavant.

Philippe quitte l’Ain à 18 ans, il arrive tout d’abord sur Lyon et s’installe à Vaulx-en-Velin en 1996. Après son bac il part tout d’abord faire des études d’informatique avant de renouer avec la musique pendant son service militaire alors qu’il a l’occasion de jouer dans la classe d’un éminant professeur de clarinette. Il rentre au conservatoire à 22 ans, d’abord à Aix-en-Provence durant son service, il passe son diplôme de fin d’étude et entre au conservatoire de Lyon à son retour. Entre temps il profite de sa liberté pour voyager au Maroc, en Turquie et bien d’autres pays. Là il découvre d’autres musique qui vont le séduire alors qu’il est déjà très attiré par le Jazz depuis son adolescence. Il raconte ses coups de foudre pour certains airs qu’il repiquait ensuite, sa rencontre avec des partitions devenus étrangères à ses yeux alors que de nouveaux intervalles et signes s’y invitaient. Il découvre la variété turque mais aussi des airs traditionnels andalous, arabes…

 

Il évoque ses rencontres avec des musiciens lors de stages, de master class, qui l’ont fait avancer dans sa connaissance de la musique. Des artistes à part qui pratiques des « musiques d’ailleurs » et ouvrent une fenêtre musicale sur le monde à leurs élèves. Aujourd’hui, professeur de musique et membre d’un jazz-band, il transmet à ses élèves et son public cette ouverture musicale. En plus de son travail, Philippe est membre d’un quintette de jazz avec ses collègues de Belleville et d’un groupe de chanson française : Rafus. Ce dernier, dans un savant mélange entre jazz et musique arménienne nous embarque dans une joyeuse critique réaliste de notre société. De l’appel à sourire parce que la vie est belle au voisin et son chien bruyant, ils content quelques moments de vie happés çà et là.  

Durant l’entretien, il interprète un morceau du contrebassiste israélien Avishai Cohen au piano avant de jouer un air macédonien d’abord au piano puis à la clarinette. Il enchaine avec des improvisations à la clarinette sur le thème précédent avant de nous montrer une clarinette traditionnelle pour illustrer son propos concernant les caractéristiques de la clarinette classique face à la clarinette traditionnelle. Changer d’instrument ne lui pose aucun problème et il multiplie ses pratiques au fil des années, il joue aujourd’hui de la clarinette, du piano, de la guitare et du saxophone.

 

A la fin de l’entretien nous parlons encore un moment de la question de l’apprentissage musicale, l’utilisation des partitions face à l’oralité. Avant de nous raccompagner jusqu’à l’arrêt de métro, il attrape sa guitare en réalisant qu’il ne nous a rien montré dessus. Il joue un petit air et le voilà embarqué à nouveau dans son monde et la musique.